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J’ai passé trente cinq mille quarante longues heures à écouter les battements de son cœur et à sonder le mien. Milah me disait que seule l’extrême solitude de l’être peut apporter les réponses à toutes nos questions. Seulement voilà, j’étais un véritable handicapé du langage, de la pensée et de l’introspection. J’avais beau chercher, je ne trouvais vraiment aucune question à me poser. Assis l’un en face de l’autre, je passais mon temps à regarder tourner les aiguilles de ma montre. Je guettais l’instant magique où toutes les trois ne formeraient plus qu’une par un effet de superposition. Lorsque par le plus grand des hasards il m’arrivait d’être témoin de cette fusion, je me hâtais de faire un vœu. Puis, je restais là, à attendre, en comptant les heures, d’être exaucé. Ma prière intérieure était toujours la même. Je voulais qu’elle me parle! Les gens disent qu’elle est muette, que sa voix n’est pas la sienne mais celle des âmes maudites qui errent dans les dunes du désert, aux portes de l’Atlas, à Goulimine.
Ce petit roman jubilatoire de par la modernité de sa notion de la polygamie, éclaire d’une lumière fort intéressante les différences de fonctionnement entre hommes et femmes. Ou comment son désintérêt à clarifier ses pensées et les partager, à pratiquer l’auto-analyse peut transformer, très naturellement, n’importe quel paradis en enfer… à moins que les femmes et les cieux s’en mêlent… Journal L’Essor
Format A5 – 193 pages
